Questions d'harmonie

S'il y a une vérité intérieure du personnage à saisir, c'est dans ce vocabulaire informel qu'il faut aller la chercher. Calme apaisant d'A.H. ou véhémence électrique de Zéolithe : "Il y a là pour moi une façon de se situer à la lisière de l'abstraction et de la figuration", dit-elle. C'est aussi une manière d'explorer l'absence-présence, d'évoquer en fait ce qui se montre sans être vraiment révélé et dont le portrait est finalement une assez bonne illustration.

Il y a là une manière d'intemporalité une sorte de plénitude qui tranche assez avec la tendance actuelle de la représentation humaine.

"Il y a chez beaucoup d'artistes un positionnement par rapport aux médias dans lequel je ne me reconnais pas. Cette volonté de reproduire la violence et le sensationnel de l'information, alors même que celle-ci sera toujours la plus forte, a un côté chimérique. Elle ne me tente pas."

L'attachement à la peinture, à sa matière et à son histoire se retrouve également dans une série qui accompagne ici son exposition. Il s'agit des profils photographiés et photocopiés à partir desquels Suzanne Obrecht réalise ses peintures. Une manière de montrer les coulisses d'un travail dont l'une des étapes, par ce côté tramé, rappelle énormément la tradition des gravures sur bois. Quant à l'absence du bleu auquel beaucoup associent le nom de Suzanne Obrecht, il n'y a là aucune rupture chromatique : "Je continue à l'utiliser. Si cela ne transparaît pas dans ce qui est présenté ici, c'est simplement pour des questions d'harmonie avec le lieu..."

Serge Hartmann - DNA 21.10.1997

 

 

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