Parcours

1. Etudes aux Arts Décoratifs de Strasbourg et puis 10 ans de silence; la peinture fait irruption dans ma vie en 1980.

À l'occasion de ma première exposition (galerie du Petit Pont, Strasbourg 1982) Richard Kleinschmager écrit : "Geste instantané, rageur, maculation de la toile tragique et sereine. Catharsis. Dire et délivrer. Le jamais fini infini. Ni bordure, ni ciel, ni terre. Tout au plus l'évocation subreptice d'un éventuel inaccessible à proximité du centre.
La couleur est expression vive, lyrique du désir de vivre. Elle griffe l'espace, vrombrit comme l'orage d'été. Il s'agit toujours d'une (co)naissance de soi. De cela est née la peinture qui va son chemin en elle et hors d'elle."

C'était la période où les Français découvraient, après l'Allemagne et l'Italie, que la peinture ne s'était pas arrêtée avec Pollock; elle explosait joyeusement.

2. "Et comme chaque tableau ne tient que de rejouer toute la peinture," je ne pouvais l'aborder sans témoigner de l'absence de femmes en ce domaine.
"Les femmes ont un être au monde millénaire et sans nom : nos mères oeuvraient dans l'anonymat des arts mineurs... La crise d'identité des femmes se résout dans la jubilation avec laquelle les femmes créatrices se nomment dans leur peinture. A la problématique décadente de la mort de l'art, la femme substitue le doute et la liberté d'un commencement." (Strasbourg 1985)

Chacune de mes toiles se donnait à voir comme un autoportrait.
De cette démarche, Corinne Ibram écrit en 1990 :
"...de toile en toile, elle inscrit la figure féminine comme un observateur de l'espace symbolique de la peinture" et les titres de ses articles soulignent cet ancrage : "La femme sujet" (DNA février 1986), "l'art de se nommer" (DNA décembre 1987), "Suzanne Obrecht au centre de sa peinture" (DNA 1990)...

3. L'autoportrait est également l'occasion d'assigner sa place à l'artiste en faisant exister l'oeuvre : une manière de réfuter en acte l'incontournable "l'art est mort et donc aussi morte la notion d'oeuvre" que les avant-gardes célèbrent sans fin depuis Duchamp. L'art contemporain s'érige de ces morts réitérées et les déclinaisons du rien remplissent nos musées.
Ce n'est pas l'art qui meurt, hélas, c'est nous qui mourrons... La vie comme champ de ruines : les médias sont là pour nous le rapeller avec une constance que l'art le plus voyeur n'atteindra jamais.
Le rien n'est qu'une manière de domestiquer la béance du vide.

 

 

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