Travaux récents 1993-1994

Dans les années 1980, sur le modèle des expressionnistes abstraits, dans la lignée de la color field painting, Suzanne Obrecht exécute une peinture all over. Plus qu'une simple technique d'occupation égale de la surface, ce parti lui permet de s'affranchir de la problématique du rapport fond/surface.

Depuis 1993, elle réalise une série de peintures que caractérise une exigence de simplification. Dans cet ensemble, des recherches abstraites alternent avec des peintures figuratives où prédomine une figure reconnaissable, un personnage assis de profil. La mémoire du réel est encore lisible même dans les toiles qui paraissent se libérer du sujet. Ici comme dans d'autres cycles, Suzanne Obrecht pense sa peinture en termes de structure : elle privilégie ainsi les données compositionnelles, l'éclat coloré, le matériau pictural...

L'artiste travaille désormais à partir d'une gamme limitée de couleurs. Celles-ci sont traitées en valeurs, selon un rapport clair/obscur, assurant ainsi à l'ensemble de l'oeuvre une vibration constante. Cette limitation de la palette s'accompagne également d'une réduction du format. Suzanne Obrecht semble renoncer momentanément à la dimension démonstrative de ses oeuvres antérieures.

Tout concourt alors à magnifier le geste que l'artiste inscrit sur la toile : trace du corps à corps livré par le peintre avec le tableau ; témoin de son désir de faire partie de l'oeuvre, d'être dans la peinture... Le geste met à l'épreuve les limites du tableau. Il se prolonge bien au-delà, sur le mur de l'atelier. Ainsi la toile délimite arbitrairement une surface dans le continuum de la peinture.

Sylvie Lecoq-Ramond

 

 

 


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