De l'âme dans la peinture

Suzanne Obrecht est entrée en peinture comme on entre en religion. Depuis une dizaine d'années, elle s'est peu à peu désengagée de ses autres activités. . Le prix de la Région Alsace du CEAC vient de couronner une artiste sans concession.

"Je suis peintre et je suis femme". Inlassablement, mais avec une énergie toujours renouvelée, une rage parfois qui se déploie dans la vigueur du geste. la peinture de Suzanne Obrecht traite de la femme. Son corps, ses postures, son être au monde. La palette varie selon les moments, souvent, en ce moment par exemple, des dominantes bleues, parfois le dialogue retenu du noir et du blanc, parfois aussi des jaunes solaires et heureux.

Dans le malstrom des couleurs, la forme féminine s'insère, réduite de temps entemps à un tracé sombre, et délimite un jeu de pleins et de vides cher au peintre. "Depuis ma dernière exposition à Strasbourg en 1993, je suis passée aux petits formats. Toutes les données sont ainsi réduites au maximum, mais je conserve concentré, ait coeur de la toile, le départ du geste, qui peut parfaitement se prolonger hors du cadre. C'est un travail de plus en plus intérieur", explique Suzanne Obrecht pour qui la peinture, travail de liberté, est de l'ordre du symbolique et de l'âme.

Dans son vaste atelier à Schiltigheim qu'elle a aménagé avec une aide de la DRAC, elle travaille sans relâche "je vis exclusivement à partir du réseau d'amateurs qui achètent mes toiles plus ou moins régulièrement". Le prix du CEAAC arrive donc à point d'autant qu'il consiste en un chèque. Mais tout ce qui sert à faire reconnaître le travail d'un artiste est utile. Et les institutions comme le CEAAC ont un poids médiatique que les artistes seuls n'ont pas. Suzanne Obrecht constate néanmoins que pour survivre, il lui faut maintenant passer à un niveau international. "Le marché de l'art n'est pas suffisamment développé en Alsace pour permettre à un artiste de s'en sortir. Comme nous sommes tout près de l'Allemagne et de la Suisse, je vais aller voir de ce côté."

Corinne Ibram - Dernières Nouvelles d'Alsace 10 mars 1994

 

 


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