Du bleu à l'âme...

Un petit îlot de tranquillité dans de vieux bâtiments industriels à Schiltigheim. L'escalier est à lui tout seul un hymne aux plantes vertes. Le temps d'une expo, Suzanne Obrecht ouvre son atelier au public.

Une exposition dont le fil conducteur est une série d'une cinquantaine de petits formats que l'artiste déploie le long des murs maculés de son atelier.

C'est le fruit d'un travail d'un an et demi qu'elle présente avec cette dominante des bleus dont on sait que dans le langage plastique de Suzanne Obrecht, ils expriment avant tout une quête des contrastes, du clair-obscur, à laquelle elle est très sensible. "Curieusement mon approche reste celle du noir et blanc. Mais le bleu se substitue au noir parce que celui-ci n'offre pas la même richesse de variations. Les variétés de gris ne m'intéressent pas", explique-t-elle en rappelant dans un sourire qu'elle reste définitivement une enfant d'Alsace au regard perdu sur la ligne bleue des Vosges.

Mais indépendamment de cet attachement chromatique, l'exposition de Suzanne Obrecht renvoie à la singularité d'une réflexion qu'elle a poursuivie sur la base des petits formats.

Avec le sentiment que ceux-ci libèrent une spontanéité que n'autorisent pas des espaces plus grands à gérer. "Réduire les dimensions, le sujet, c'est aller à l'essentiel. Et quand la démarche s'intègre dans le développement d'une série, les toile entretiennent immanquablement un rapport synergique les unes avec les autres."

Omniprésente dans ce travail, la forme légèrement suggérée d'une femme, comme allongée dans un transat, du moins lorsque s'affirme une certaine lisibilité. La matérialité souvent violente de la peinture investit la surface d'une toile qui traduit, au-delà des notions assez vaines d'abstraction et de figuration, essentiellement une part d'elle-même que Suzanne Obrecht veut nous livrer. "Ces peintures sont pour moi des autoportraits. Au sens où un autoportrait reste avant tout l'affirmation de la perception que l'on a de soi".

"Ces peintures sont pour moi des autoportraits. Au sens où un autoportrait reste avant tout l'affirmation de la perception que l'on a de soi."

Création d'une association

La particularité de cette exposition, dans le parcours entamé par Suzanne Obrecht depuis près d'une quinzaine d'années, c'est qu'elle s'ancre volontairement dans l'univers de travail de l'artiste. "C'est important aussi de montrer une oeuvre dans l'endroit où elle s'élabore." Il s'agit d'un vieil atelier de menuiserie dont l'ancienneté fait penser qu'il servit probablement à d'autres activités.

Une association, créée à l'initiative de deux amateurs d'art contemporain, Claude et Jacqueline Klein, "frappés par la précarité de la vie d'artiste", se propose de soutenir son oeuvre.

Par différentes actions qu'il appartiendra ultérieurement de définir clairement, comme par exemple le cofinancement d'un catalogue, l'organisation d'expositions ou encore la participation à des acquisitions. Et le nom de l'association : "Bleu Obrecht". II y avait bien jusqu'à maintenant "le bleu, Yves Klein"...

Serge Hartmann - DNA 1995

 

Photo Edmond Lopez

 

 


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