Asperger Gallery a fait appel pour relancer la galerie à une spécialiste à la fois en matière d'art contemporain et en matière d'organisation pour ne pas dire de gestion.
II s'agit de Denise Klinger qui, en son---temps avait grandement contribué aux premiers succès de cette belle manifestation d'art contemporain régional qu'était Sélest'art.

Pour cette première exposition d'un renouveau que nous souhaitons conséquent et durable pour le plus grand bien de l'art d'aujourd'hui à Strasbourg, Asperger Gallery a fait appel à SUZANNE OBRECHT dont le talent original compte parmi les plus remarquables en Alsace.

La démarche picturale, liée au thème invariablement voué à la femme, trouve ici un lieu d'épanouissement rare. Rarement les toiles de cette artiste ont bénéficié d'un accrochage aussi exaltant, d'une mise en valeur qui nous les rend encore plus proches.

Dans cette grande galerie où l'éclairage et le blanc immaculé des murs soulignent la signification des coloris volontairement restreints, où les grands formats acquièrent soudain leur caractère d'authentique monumentalité, la peinture de Suzanne Obrecht prend toute sa dimension philosophique. Et le visiteur jouit du recul nécessaire pour apprécier pleinement le discours de l'artiste. Pour entrer dans le monde intime et presque secret de Suzanne Obrecht. Quelques dessins anciens permettent de mesurer le chemin parcouru, d'un pas parfois hésitant, du figuratif à une figuration devenue symbole et signe.

Des dessins qui ne sont pas sans affinité avec le travail d'une Käthe Kollwitz, par exemple, une affinité qui honore l'artiste. Les couleurs, d'abord volontiers sombres, et le noir reste présent, non seulement dans les portraits, dans les dessins ou dans certaines peintures en noir et blanc, mais même dans certaines des grandes pièces, évoluent lentement vers des harmonies plus claires. Une clarté qui est comme un sourire dans l'oeuvre austère et exigeante de Suzanne Obrecht. On retrouve avec plaisir, dans ce qui est, non pas une rétrospective, mais un bilan particulièrement intéressant, ces visages de femmes, graves, au regard parfois perdu, des visages qui n'accusent pas une ride, tant elles sont brossées avec énergie et détermination, mais aussi avec tendresse.

La toute récente période bleu-nuit et rouge n'en est qu'à ses débuts, débuts prometteurs en tout état de cause. Et l'on est étonné et ravi de découvrir dans cet univers féminin où la sensualité est présente certes mais traitée avec beaucoup de retenue, malgré certains éclats, tant d'équilibre, de grâce et de lumière intérieure.

Suzanne Obrecht se laisse guider par son oeuvre tout en la maintenant avec fermeté dans la trajectoire qu'elle a choisie.

Gabriel Andrès

 

 


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