Suzanne Obrecht, peintre
 
Suzanne Obrecht a grandi à Metzéral dans la vallée de Munster, entourée de montagnes.les montagnes sont l'obsessionmajeure de ce peintre qui ne revendique aucun message d'aucune sorte, hormis la peinture elle-même.
 
Elle vit à Strasbourg depuis plus de vingt ans ; après des études en arts plastiques elle y travaille, y expose ( ces dernières années à la Galerie "Espace Suisse", dans la cathédrale de Strasbourg avec une "Piéta" qui est restée dans les mémoires des visiteurs, ou dans la "Salle Blanche" de la Librairie Kléber ), même si elle s'expatrie volontiers
comme par exemple ,il y a quelques années à Boston dans le cadre d'une bourse octroyée par la ville de Strasbourg et le comité Boston. Professeur certifié en arts plastiques durant de nombreuses années, elle décide un jour de tout arrêter pour se consacrer à la peinture. Quand on lui demande pourquoi , elle répond:" j'avais oublié de me rendre à mon cours..."
 
Ceci correspond bien sûr à une logue période de remise en question, elle a alors la technique, elle a besoin de s'exorimer, elle en a la maturité elle est prête .Elle commence par le dessin mais y déploie tant d'énergie physique qu'un ami lui suggère la peinture, qui sollicite d'avantage cette amplitude du corps.C'est certainement d'abord un geste thérapeutique que cette violence expressive mais la question de la céation suit naturellement.
Suzanne Obrecht nous dit qu'elle n'a jamais pris la décision de peindre mais qu'elle s'est vue ainsi:"Je suis en train de peindre".
Elle a pratiqué un temps l'abstraction que " c'est juste la peinture qui m'intéresse", donc il n'y a pas de sujets spécifiques, de choses à raconter, de positions politiques ou idéologiques.Un jour elle s'est aperçu que la longue forme qu'elle peignait était une femme, en fait un autoportait. Un autoportait, c'est, dit-elle "le moins de choses à raconter", ça a été aussi d'affirmer son identité de femme : "Poser la femme en tant que sujet peignant et en tant que sujet peint : les deux réunis, c'est l'autoportait".
Cette affimation faite, cet aspect de ce qu'elle considère comme une oeuvre en cours est devenu moins important, au profit d'une façon d'habiter le monde, une façon d'appartenir au monde.
Le monde pour Suzanne Obrecht, c'est la plupart du temps, à partir d'une montagne, des montagnes. Ce qui l'intéresse là, c'est la limite dans l'espace qu'elles représentent, et donc l'au-delà de cette limite, là où commençe le monde.Dans ce cadre q'est le tableau, faire tenir le monde, en quelque sorte.Suzanne Obrecht affirme commençer un tableau toujours de la même façon : " J'amorce un geste de chute du haut à droite vers le bas à  gauche, ensuite le geste remonte "et le tableau commence...
 
C'est un peintre qui aime " la verticalité et l'idée de transcendence car elles sont le refus en action de la chute". Suzanne Obrecht considère  "le tableau comme une scène de théâtre", champs symbolique qu'elle aborde comme avec sa pensée ou ses émotions.Tout se joue là, elle y joue tout d'elle.Elle procéde par série, explorant unmême thème, longtemps des femmes, aujourd'hui essentiellement des montagnes.

Elle a besoin de prendre tout son temps. Attendre.Parfois rien ne vient, rien ne se passe; elle attend, parfois même elle dort, elle dit " se tenir prête ".
Soudain une fulgurance.mais aussi un long travail patient, jusqu'à ce qu'un tableau soit terminé, ou qu'on décide qu'il l'est.
 
Ce travail de peintre lui paraît en totale inadéquation avec notre époque, mais elle ne voudrait en pratiquer aucune autre, elle n'a pas de maîtres en peinture mais aime partculièrement pollock, de Kooning, Bram van Velde ou Bacon.
 
 
Si une association qui soutint ses efforts, " Bleu Obrecht" a vu le jour, ce n'est pas pour rien. Son bleu est unique, profond et intense.Mais elle a montré l'an dernier à la librairie Kléber une exposition intitulée "Le glacier brûle" où un rouge incendié coulait le long des sombres montagnes. Spendide. Elle aime explorer aussi la toile nue, ne rein peindre à certains endroits de la toile.Ses dernières montagnes sont soit de longues chaînes déchiquetées, soit de massives formes arrondies où l'obscurité laisse place à des espaces de clarté impressionnants.
Les toiles de ces dernières années sont grandes et on y sent le geste large.
Ce qui jaillit littéralement au regard face à ces toiles, c'est la grande force de ce peintre.
 
Suzanne Obrecht a un visage étroit aux yeux étirés, une silhouette fine, mais ce qui est le plus propre à elle, c'est ce mouvement fluide et puissant de son bras saisissant un pinceau pour le projeter vers la toile.
 
Elle vous décrit le soleil éclairant encore les hautes herbes autour de l'atelier dans lquel elle travaille, mis à sa dispositin par la Ville de Strasbourg, vous fait remarquer la soudaine fraîcheur de l'air en ce début d'automne, et parle de ses lectures.
Mais il nous est difficile de détacher le regard de ces toiles où naissent des montagnes, comme cela a été autrefois, en quelques sorte, venue de la terre, la naissance du monde.

 

Suzanne Obrecht, peintre, Isabelle Baladine Howald in Empreintes 2004

Homepage